mercredi 15 décembre 2010

ECOBUILD 2011 - LONDON, UK

                                                                                                  Mercredi, 8 décembre 2010
Aéoroport international de Heathrow - 20h17

Ultime étape de long voyage commercial, Londres. Sur place un ami de longue date, Gregory Morgan doit m'aider à planifier notre emplacement au sein de l'exposition Ecobuild 2011. Annuellement, cette exposition internationale met de l'avant les plus récentes avancées technologiques écoresponsables. Cette année, la rumeur veut que la mission commerciale de Dubaï compte y lancer son programme d'achat pour la poursuite de ses projets de constructions insulaires. Le volume de transactions vers les Émirats s'est drastiquement affaissé en deux ans. La crise financière et la faillite technique des opérations de financement off-shore ont donné un sérieux coup aux iniatives mondaines planifiées. Voulant redémarrer leurs chantiers , ils espèrent insuffler un peu d'air frais avec un concept englobant des technos du futur.



Chose certaine, Ecobuild est certainement un bon endroit pour voir et être vu. Le marché anglais de la construction résidentielle prend une ampleur exponentielle. D'après ses banques de logements, le pays est surpeuplé depuis au moins vingt ans. Pour remédier à cette crise du logement endémique et stimuler l'activité de ses secteurs afférents, le gouvernement du Royaume-Uni à instaurer un programme général de crédits d'impositions eco-friendly. L'éligibilité des projets devra reposer sur une accréditation basée sur l'origine et la certification environnementale du produit. Donc dans une grille à pointage , un produit local se voit attribuer 5 points , un produit local vert se mérite 10 points , un produit étrangerè mais écolo recevra 7 points au tableau. C'est dans cette dernière catégorie que nous souhaitons faire le maximum afin d'attirer des investissements majeurs au pays.



Depuis les dernières trente minutes mon téléphone portable est chaud comme la braise. Confirmation de séjour à mon B & B de Belgravia , confirmation de rencontres et planification des entreposages sur un chantier au nord de Londres.

Je serai attendu par Gregory à la Victoria Station demain vers 11h pour aller prendre un repas dans le secteur. Un bon fish & chips est toujours le bienvenu lors d'une tournée chez mes clients anglais. Il faut bien des traditions pour se sentir à la maison ! Je me rends à l'instant à mon lieu de séjour. Belgravia est un secteur d'une architecture typique offrant plusieurs options d'hébergements à des prix raisonnables pour Londres. Malgré tout, London demeure une ville très onéreuse avec une offre de logement plutôt médiocre.

Le lendemain vers 11 heures - Victoria Station (Trains et métro)



Tradition oblige, Gregory m'accompagne au restaurant Seafresh pour un poisson irréprochable. Quelques anecdotes plus tard, nous nous dirigeons vers le centre de foire . Sur place , nous prenons nos dispositions auprès du promoteur. Contrat d'exposant et ristourne sur les ententes locales, etc. Assorti à cet accord nous est demandé un jolie somme forfaitaire pour s'assurer de notre présence.



Nous quittons le grand hall des expositions vers les 14h. Je dois attraper l'eurostar en vitesse, demain j'ai un vol de Paris pour Montréal.

Je suis bien hereux de pouvoir rentrer à la maison !

Cordialement,

François Tremblay

Songes aéroportuaires à Paris

                                                                                                       Jeudi, 2 décembre 2010

Aéroport Charles-Degaulle - Terminal 2F - 13h37



Enfin ! Je suis de retour dans le monde libre. Il faut dire que j'ai eu plus que ma part d'emmerdes lors des derniers déplacements. Au moins ici, je ne risque pas trop ce genre d'imbroglio. Le douanier français à la mine bourrue de ce jour n'est certes pas très sympathique, mais il répond à une attitude contextuelle.



Les carrousels vomissent littéralement les bagages. Une foule composée majoritairement d'expatriés de l'ancienne Indochine amenant avec eux des marchandises inidentifiables aux emballages rudimentaires. À mon avis, il ne passeront pas les contrôles à la sortie du terminal. Ces scènes sont fréquentes à cette aérogare où arrive un volume considérable de vols exotiques. L'odeur pestilentielle des cargaisons asiatiques empilées devant le bureau des douanes est indescriptible. Comment ces gens, peuvent-ils faire des milliers de kilomètres avec ces victuailles en pensant qu'elles arriveront intactes à la maison ? Je suis toujours étonné de constater à quel point la bêtise des hommes ne meurt jamais.



De nos jours, les vérifications de sécurité pour l'accès aux quais d'embarquement sont monnaie courante et personne en ignore l'existence. Pourtant à chaque vol, j'aperçois les mêmes scènes d'idioties. Les règles clairement précisées mentionnent avec une lourde emphase une série d'interdits en plus d'offrir de judicieux conseils aux voyageurs. Malgré tout vous en trouverez toujours pour retarder le processus. Combien de fois, je dois me taper une mamie qui arrive avec son sac à main format géant rempli de tubes de dentrice , pots de crème hydratante, boisson embouteillée et j'en passe. J'ai même eu l'occasion de faire les frais d'une dame qui pensait emmener à bord ses nouveaux couteaux de cuisine en tentant d'expliquer à l'agent qu'elle n'était pas une vilaine criminelle. D'autres arrivent aux comptoirs des compagnies aériennes avec des quantités montres de bagages empaquetés avec un certain style, mais qui dans le contexte ne sont pas acceptables.



Sans paraître raciste ou réducteur, j'ai développé au fil de mes expériences une intuition quand vient le temps de choisir ma file d'attente au moment de la fouille. Primo, ne jamais choisir la file où se trouvent des personnes âgées. Rarement habitués à voyager, ils ne comprennent pas ce que signifie voyager léger. Secondo, tentez d'éviter les ressortissants arabo-musulmans lors de vos déplacements. Ils sont plus susceptibles à des fouilles en profondeur et vous risquez d'y perdre un maximum de temps. Tertio, fuyez les gothiques ou autres maniaques des piercings, les détecteurs de métaux ne pardonnent pas. Bingo ! Le meilleur choix, les hommes d'affaires japonais. Ces derniers ont une culture de la sobriété, voyagent fréquemment et détestent les chaussures lacées. Vous passerez rapidement à la prochaine étape de votre parcours.

En transit vers Londres, je passe quelques heures au salon privatif Air France. Massage de la nuque, dodo et quelques viennoiseries adoucissent les contrecoups du décalage horaire.



Décollage pour Londres prévu à 18h10.

Cordialement,

François Tremblay










                  

Damas l'éternelle

                                                                                                      Mardi, 9 novembre 2010
Sultan hôtel - 07h30



Remis de mes émotions, j'entame la découverte des splendeurs damascènes. Sur mes gardes, je suis convaincu de la présence d'une ombre qui me guette. Digne des meilleurs scénarios de romans d'espionnage, j'en prends la mesure : véhicule de police près de l'hôtel, clients réguliers au café, ligne téléphonique soudainement écho, etc.

Sans ignorer totalement mes compagnons de route forcés, je décide de poursuivre mes rencontres d'affaires prévues au calendrier. Disons que je m'en tiendrai à l'essentiel. Dommage, car Damas demeure une ville au riche passé. Elle serait la plus vieille cité toujours habitée du monde.

La légende dit que la tête de Saint-Jean-Baptiste aurait roulé jusqu'ici. Pour cause, un énorme reliquaire trône au coeur de la Grande mosquée des Omeyyades, deuxième lieu d'importance pour l'Islam après La Mecque.



Question d'anéantir le stress qui m'habite, je me rends au hammam Nouredin, institution située dans la vieille ville. Demandant mon chemin, un vieil homme très aimable m'y conduit. À travers les rues tortueuses du souk, les étrangers s'égarent et dans les circonstances, j'ai préféré éviter les embrouilles. Le portique de l'endroit est des plus banal, l'intérieur somptueux rappelle les contes musulmans. Broderies, dorures et cuivres martelés en font le décor. Les garçons de service vous accueillent avec doigté. Première étape, la remise d'un peignoir et d'un gant de crin (exfoliateur). Ensuite, vous êtes dirigé vers la grande salle de repos où après leurs soins les hommes prennent le thé.


Fontaines, bains de vapeur et sauna ! Quoi de mieux pour se détendre et évacuer la tension de la veille. Malgré cette fâcheuse aventure, la générosité des locaux est surprenante. En vérité, le peuple syrien est en général d'une amabilité déconcertante. Pour tout dire, ils sont aux prises avec un carcan politique et religieux. Otages d'eux-mêmes...vous avez toujours en mémoire cette référence.

Au troisième jour, je dois me rendre chez un artisan de la nacre. Ses coffres de bois nacrés sont splendides. Ici la marqueterie traditionnelle est l'affaire de la minorité chrétienne. Quelle sensation étrange dans un pays totalitaire musulman que de voir une si petite communauté chrétienne y mener une vie ouvertement acceptée dans un quartier où à quelques coins de rue y sont valorisés les extrémismes religieux.





Les conditions de travail de ces ouvriers sont celles du XIXe siècle. Avec une passion évidente, ils font honneur à cet art en voie d'extinction. La dent creuse après quelques heures de négociations amicales, je me lance à la recherche d'un bon endroit où prendre un repas. Impatient, je me rends au restaurant présidentiel. Traité avec la plus grande attention, je n'ai reçu aucune facture et me suis délecté d'une cuisine aux saveurs inoubliables.


Vers la fin de ce déplacement, il me fallait absolument profiter de mon temps libre pour ramener au pays des pièces d'artisanat de première qualité. Inutile de vous mentionner que le salaire moyen des travailleurs syrien en adéquation à une monnaie faible rendent les dépenses moins contraignantes. Qui dit Damas dit tissu ! Vous connaissez le damassé ? Vous n'y aviez jamais songé ! Nappes tissées et brodées à la main , couvertures , draps, etc.

Tony Stephan un marchand local de renom m'a offert de prendre quelques clichés de sa boutique. Parmi ses clients figurent ambassades , célébrités hollywoodiennes et étrangers de passage.


Les mains pleines , j'aborde mon départ vers Paris. Heureusement, mon expérience syrienne s'est bien déroulée après un commencement erratique. Je quitte ce pays en espérant qu'un jour ces gens pourront souffler un peu.

À l'entrée du souk, le président garde l'oeil sur ses disciples...



Prochaine destination : Paris .

Cordialement,

François Tremblay

mardi 14 décembre 2010

Tensions à Damas

                                                                                          samedi , 6 novembre 2010


Aéroport international de Damas - bureau des inspections 9h33

Tout juste débarqué de l'aéronef, deux agents de la police des douanes viennent à ma rencontre. L'un d'eux aime le jeu viril et insiste brusquement pour mes papiers. L'autre se contente d'observer la scène, le regard narquois. Nerveux, je me demande ce qu'ils ont en tête. Un troisième agent se pointe, son uniforme aux décorations imposantes me laisse comprendre qu'il est d'un grade supérieur. Après consultation entre douaniers, le supérieur me regarde fixement et me dit : How much is in your pockets ? Je lui réponds que je n'ai que 200 dinars jordaniens. Il rétorque dans un anglais approximatif : What are your plans for sleep tonight ? Rapidement, j'ai saisi l'escroquerie. Je suis sorti du poste amputé de mes espèces jordaniennes , la puce de mon téléphone cellulaire supprimée.

En état de choc, j'ai abruptement quitté le terminal sans bagage. Le long du débarcadère, deux hommes tiennent une conversation accoudés au capot d'un taxi. Ils s'approchent vers moi et me demandent si j'ai besoin d'être conduit au centre-ville de Damas. Pour une rare fois, on s'adresse à moi dans un anglais plus qu'acceptable. De fil en aiguille, ils me demandent où sont mes effets personnels. Coincé, je n'ai d'autre choix que de livrer avec craintes les détails de ma rocambolesque entrée en Syrie. Stupéfaits ils me demandent d'où je viens. Sans exiger un montant d'argent, le taxi m'offre volontiers la course vers l'ambassade canadienne.

Une fois sur place, le bureau d'aide me donne le montant de la course pour remettre au chauffeur. Sincèrement touché par cette générosité, j'insiste et l'invite en soirée pour un repas avec ses proches. Timide, mais assurément flatté il me dit de lui passer un coup de fil après avoir terminé mes dépositions à l'ambassade.

De retour dans les installations canadiennes, ils me permettent de joindre ma famille par téléphone et procèdent à la vérification de mon passeport et des autres documents relatifs à mon séjour pour affaires en Syrie. Quatre heures plus tard, je peux enfin rejoindre mon hôtel. Pour ma sécurité, le gouvernement syrien à été prévenu par les autorités canadiennes.

Dès mon arrivée à l'hôtel, une enveloppe contenant un message m'est transmise. Un numéro de téléphone y est inscrit et le sceau du gouvernement syrien y apparaît. Le tenancier de l'hôtel m'explique que le courrier fut déposé par un représentant du gouvernement et qu'il est chargé de surveiller mes déplacements.

Suivant les conseils de mon hôte, je décide de passer l'appel. Mon interlocuteur se dit sincèrement désolé pour ce qui est arrivé et il m'assure que les agents fautifs seront conviés devant les autorités militaires. Il m'indique qu'une voiture viendra me prendre en soirée pour le repas.

À ma grande surprise, un chauffeur officiel réclame ma présence au lobby vers 18 heures. Voiture protocolaire et membres du gouvernement syrien me souhaitent la bienvenue. En sécurité, ils m'entrainent vers un établissement prisé du souk de Damas.

Attablé au fond du restaurant en sous-sol le dos au mur, le président Bashar el-Assad est accompagné de son épouse et de ses acolytes. Dès lors, il me transmet ses regrets et me témoigne son respect pour le Canada et souhaite que cet épisode n'ait pas de conséquences graves entre nos autorités nationales respectives.

Un souper majestueux et quelques heures plus tard le président m'invite à rentrer à mon hôtel en compagnie de son chauffeur particulier.

La nuit fut pénible, j'avais cinq jours devant moi pour reprendre le collier.

François Tremblay

Au royaume de Rania

                                                                                          jeudi , 28 octobre 2010

Aéroport international de Amman - 20h57



Les services de Royal Jordanian en provenance de Paris furent irréprochables. Appareils confortables , propres et équipés des commodités d'agréments. Le personnel trié au volet porte un uniforme d'une élégance à faire rougir n'importe lequel des agents de bord d'Air Canada. Vous me direz que ce n'est pas difficile...


Le temps aidant, je me suis constitué une liste de qualité. Sous forme de palmarès, j'évalue le service en fonction de critères tels que la politesse, l'allure, l'efficacité et autres attentions. J'ai été sincèrement épaté par cette compagnie. Elle est dans mon top 10 !

Par contre l'aéroport de la reine Alia en banlieue d'Amman, laisse sincèrement à désiré. Moquettes sales, salons corporatifs aux tables brisées , chaises percées, etc. Le soin apporté au mobilier aéroportuaire est abominable.

Les indications...Même les locaux ne s'y retrouvent pas ! J'ai toutefois apprécié l'empressement marqué des policiers à vous souhaiter la plus cordiale des bienvenues en Jordanie. Cette petite touche de courtoisie rend l'arrivée peut-être un peu moins inconfortable.

J'ai décidé de prendre une chambre dans un hôtel de Madaba à environ 45 minutes de la zone aéroportuaire. Le village est entièrement consacré à l'art de la mosaïque. N'en croyez rien...Le gouvernement cherche à redorer la pauvre qualité de l'artisanat local par la création d'écoles des métiers d'art. L'initiative est louable mais force est de constater que le savoir des Nabatéens ne s'est pas rendu jusqu'ici.

Rendez-vous avec des investisseurs. Ces derniers m'invitent à Petra ! Wow ! Quelle beauté ! Ce n'est pas sans raison que cette merveille fut tant convoité par des hordes d'envahisseurs.


Popularisée par Indiana Jones et ses péripéties , la valeur touristique de ce joyau est vitale pour la santé économique du pays. Au contraire de ces voisins, la Jordanie n'a que peu de richesses et son climat désertique n'aide pas la cause des tentatives agricoles. Secteur fort, les produits cosmétiques tirés de la Mer Morte. Autrement, le pays ne dispose pas de pétrole et encore moins d'eau douce exploitable.



Ancien corridor reliant Damas (Syrie) à La Mecque, sont territoire actuel n'était autrefois qu'un lieu de passage. Les populations nomades originelles habitent le Wadi Rum , ce désert rocailleux au sable pourpre. L'État tente de sédentariser ces peuplades, mais y arrive avec une difficulté évidente.

Rêve d'enfance à portée, je prends les devants auprès de mes hôtes et je leur demande s'il y a possibilité de refaire la route empruntée par Lawrence d'Arabie entre le Wadi Rum et Aqaba. Quelques coups de fil et mon comparse Attayak m'attend à l'entrée du désert demain matin ! Ce n'est pas tous les jours qu'ont peut reconstituer une bataille à dos de dromadaire.



Le lendemain, Attayak est fin prêt pour me recevoir en m'offrant le vêtement traditionnel. Il me fournit  explications et  précautions nécessaires avant d'entamer cette méharée de trois jours.


Le voyage fut exténuant, mais inoubliable. Quelle aventure sur les traces de Lawrence . Il me reste une soirée et Aqaba me permettra de chasser cette odeur tenace de chameau !

Prochaine destination : Damas .

Cordialement,

François Tremblay

La Venise du Nord

                                                                                                     Dimanche, 10 octobre 2010
Musée de l'Ermitage - Saint-Pétersbourg - 14h23



Décidément, le soviet a le tempérament combatif avec une bouteille de vodka à la main. Une file d'attente à l'Ermitage et des bousculades pour entrer ont de quoi surprendre n'importe quel touriste débarqué de Montréal. Même les bonnes années de la rivalité Canadiens vs Nordiques paraissent tièdes à côté des altercations vues ici. Policiers et visiteurs s'enguelent et s'invectivent.

Esclavage des temps modernes, plusieurs oligarques s'offrent les services d'un jeune garçon pour attendre à leur place dans la file. Une vieille dame sans moyen offre sa soupe à l'eau aux touristes pour qu'ils puissent se réchauffer. Une simple ligne d'attente est devenue une industrie ! Je le dis avec une certaine dérision évidemment, la tristesse de la situation souligne la place faite è ceux qui n'on pu s'adapter au changement capitaliste.

Une fois à l'intérieur du palais impérial, c'est  la consternation. Pourtant affiché et subventionné par l'UNESCO à titre de patrimoine mondial de l'humanité, ce musée devrait normalement conserver ses oeuvres dans de meilleures conditions. Statuettes de Degas attachées sur socles par de la broche de fer , des tableaux d'impressionnistes accrochés au mur avec cordes et clous rouillés. Les employés du musée se font d'ailleurs un devoir systématique de vous empêcher de prendre des clichés des salles secondaires.

Je suis sorti dubitatif de cette visite. Comment autant de splendeurs peuvent-elles entreposées dans de tels lieux aux murs éponges et aux plafonds dégoulinants ?

La comparaison avec Venise se veut assurément surfaite, l'arrière du décor laisse apparaître un problème évident. Insalubrité notoire, itinérance, alcoolisme à chaque coin de rue ! La situation est troublante au premier abord. Il n'est pas rare de rencontrer un type complètement saoul aux arrêts d'autobus en matinée. Bouteilles et ordures flottent dans les canaux. Même à l'aéroport, j'ai eu droit à une serveuse de café en état d'ébriété probant.



Malgré tout, la ville de Tchaikovski recèlle de monuments,  hélas la conservation n'est pas à l'ordre jour...

C'est ainsi que mon périple en Russie s'est terminé. Je n'ai que rarement eu autant hâte de rentrer à la maison...

Prochaine destination, la Jordanie.

Cordialement,

François Tremblay

FT au pays des soviets

                                                                                                     mercredi ,13 octobre 2010

Aéroport international Vnoukovo - Moscou 11h27


Bien que rapide, le vol entre Berlin et Moscou m'a paru interminable. Turbulences et passagers russophones festifs ont été de vraies plaies. Inutile de tomber dans les clichés...J'en prends charge, les vols vers l'Europe de l'Est devraient s'effectuer sans alcool ! Disons qu'ils ont généralement la descente solide !

Mon amie Anna , conceptrice stratège pour un consortium forestier russe majeur, doit me prendre vers midi. Toujours complexe, l'inspection des douaniers russes. Souriants et courtois ils vous souhaitent la bienvenue (ironie). Cette fois, j'ai eu de la chance, j'ai passé les contrôles en moins de 30 minutes.


Mes bagages récupérés, j'aperçois Anna, cette belle russe aux allures de ballerine du Bolshoi. Elle me fait signe et son chauffeur vient nous récupérer à l'entrée du terminal. Une fois à bord de la Skoda modèle sport, Anna me présente l'agenda des visites de clients potentiels. D'une durée de trois jours, le périple en Russie doit me voir voyager entre Moscou et Saint-Pétersbourg. Vols intérieurs et transports locaux sont prévus. Il est important de noter que les déplacements d'étrangers en Russie sont scrupuleusement surveillés. L'émission d'un visa affaires ou tourisme ne se fait pas sans peine et une planification à long terme est nécessaire.



Dès 14 heures, une réunion est au programme avec les représentants des différents bureaux de commerce. Le temps de souffler un peu, Anna me fait faire un arrêt non loin de la place rouge où nous pourrons prendre une bouchée.


Incroyable, mais vrai, les natifs adorent la crème glacée par - 10 degrés Celsius ! Les vendeurs de glaces trouvent des acheteurs malgré le froid de canard. Je peux aussi vous confirmer les dernières nouvelles concernant la dépouille de Lénine. L'état de conservation du corps de l'homme de la Révolution prolétaire rencontre des difficultés. Scientifiques et conservateurs cherchent activement des solutions afin de stabiliser la putréfaction des tissus. Malheureusement, le cadavre aurait atteint un niveau de saturation et ses tissus ne pourraient supporter d'autres traitements sans en altérer l'apparence.



Mes rencontres passées, nous nous sommes rendus à mon hôtel pour y déposer mes effets personnels. L'agence m'a réservé une pension minable ! La famille était si sympa que j'ai décidé d'y demeurer. En raison d'un horaire chargé, je n'ai pu visiter autant que souhaité. J'ai tout de même eu la chance d'être reçu dans des bureaux gouvernementaux au Kremlin.



Moscou se développe tranquillement une vocation touristique. Les infrastructures touristiques moscovites accusent un sérieux retard sur celles du reste des grandes villes d'Europe. Il faut dire que 70 ans de communisme n'encouragent pas le développement des affaires internationales. Pour combler le manque de servitudes à vertus hygiéniques en centre-ville, les autorités ont installé une centaine de toilettes de chantier aux limites de la Place rouge. Imaginez un tel scénario ici ! Restaurants et hôtels ne sont toujours l'affaire que d'une minorité et beaucoup de travail demeure à faire afin d'améliorer l'offre gastronomique.

Avant de quitter pour la Venise du Nord, j'ai eu droit à un chocolat chaud onctueux et des grillades dignes d'une vidange d'huile !!!



Je dois vous quitter, Saint-Pétersbourg m'attend !

Cordialement,

François Tremblay

L'espion qui venait du froid

                                                                                                                      lundi, 4 octobre 2010

Ville au passé trouble Berlin a été au courant du dernier siècle le théâtre des pires infamies. Auparavant coincé entre foudres guerrières et représailles économiques, le Berlin actuel ce veut un espace de communion. Cité commémorative, Berlin est aussi innovative, pôle technologique , ses foires industrielles attirent les investisseurs de par milliers. 




En notre secteur, l'évolution des machineries à ouvrages mixtes représente la voie du futur. Depuis moins de vingt ans , l'industrie forestière d'Europe septentrionale, jouie d'un parc industriel à l'adolescence des installations disponibles en Amérique. L'ouverture des marchés de l'ancien glacis soviétique a littéralement soufflé une bulle économique sur l'Europe. Programmes gouvernementaux et investissements privés massifs ont permis l'accroissement des sphères d'interventions sylvicoles. L'avènement des bois torréfiés a métamorphosé les principes de gestion des stocks en développant l'intégration des matières ligneuses à des applications inusitées tant par le processus de fabrication que par l'utilisation nouvelle d'espèces préalablement destinées à d'autres productions.



Incarnation de ce renouveau, la société Taschen connue pour ses éditions excentriques , mise sur une imprimerie moderne maintes fois primées par l'industrie papetière internationale. Afin de voir les plus récents procédés de divisions des matières premières, je me rends annuellement à Berlin.

Ma journée de travail complétée, je prends mes dipositons et me dirige vers Checkpoint Charlie.


Lieu emblématique du roman de John Lecarré , L'espion qui venait du froid, Checkpoint Charlie fut aussi le théâtre de multiples tentatives d'évasions réussies et échouées. Un musée au nom de l'endroit situé à proximité relate ces aventures d'une époque révolue.




Ma soif de savoir historique me pousse ensuite à visiter l'ancien quartier général de la Stasi (police secrète de RDA). Sur ce sujet le film oscarisé , The lives of Others, explique en détail l'esprit du système communiste en Allemagne de l'Est. Vers la fin du régime totalitaire en RDA il était estimé qu'environ une personne sur trois agissait à titre de taupe pour les autorités du pouvoir central.




Pour ce qui est des revendeurs de morceaux du mur, ne vous y fiez pas trop. Il semble que dernièrement les grandes surfaces de rénovation on fait des affaires d'or avec la peinture en aérosol et le mélange à béton en poche . Le marché auprès des touristes serait en croissance !


Pour l'essentiel, Berlin inspire la sérénité devant tant de tragédies. Malgré tous ces problèmes, les Berlinois s'activent à reconquérir leur âme citadine.

Si vous avez un jour l'occasion, n'hésitez pas à vous y rendre !

Je dois poursuivre ma route. Prochaine destination : Moscou .

Cordialement,

François Tremblay

Sur la route de Memphis

                                                                                                         jeudi, 30 septembre 2010



Aéroport de Denver, Colorado 3h52 - Les yeux d'un rouge écarlate sont à cette heure en vogue. Tous ou presque arborent ce look déchiré. Indice d'un réveil brutal, cet état physique a donné naissance au surnom consacré à ces vols de nuit les red-eye flights.



Depuis toujours, l'homme a cherché divers moyens pour échapper au temps qui passe. En cette nuit aux arômes de greasy spoon , un collègue du Wiscosin , George Bokulisopski me fait le palmarès de ces dernières virées à Vegas. Visiblement , joueur compulsif ce dernier appartient à une longue lignée de voyageurs-pourvoyeurs. C'est avec fierté qu'il me raconte les péripéties de son ancêtre Busker Gaton un de ces nombreux aventuriers du Klondike.

En fait, George m'est totalement inconnu, il arrive souvent dans ce métier de faire la conversation avec le quidam. Une certaine fraternité existe entre les membres de notre profession. M. Bokulisopski est l'exemple typique du vétéran routier à la bonhommie insoumise. Ce repas roboratif terminé, nous échangeons notre identité sur carte. Il faut savoir qu'en ce domaine, votre prestation-imprimeur peut valoir aux yeux de vos collègues un certain sentiment d'infériorité. Vous vous rappellerez sans doute cette fameuse scène du film American Psycho où la présentation des cartes professionnelles est tendue.




En transit vers Memphis, je prépare mon argumentaire d'usage. Ce matin, une importante maison d'imprimerie m'offre une audience. Au tableau, plusieurs millions de dollars en contrats sont disponibles. Il me faut absolument ce client, spécialiste de l'emballage alimentaire.

Memphis , Tennessee 9h46

Mon vol fut agréable, Julianne ma voisine de cabine m'a très certainement tenu en haleine. Cette brune plantureuse aux atouts des Éoliennes oeuvre pour un important joaillier londonien. Entre pierres précieuses et regards scintillants , elle m'invite cordialement à prendre un repas en soirée.

Le temps d'une pause café, je réserve mon prochain vol pour Berlin. Mon rendez-vous est prévu pour 10h30, ma voiture de location est prête, je quitte pour le centre-ville.

Ville étrange, Memphis transpire le barbecue à la sauce Presley. En tous lieux, son enfant prodigue se manifeste. Le King est ici toujours bien vivant ! Même en matinée, le portail de sa résidence , Graceland est peuplé d'admirateurs nostalgiques. Je compte bien y faire un tour en fin d'après-midi.


Me voilà arrivé au siège central du client convoité. Madame Tuskins, réceptionniste à la moue hostile annonce ma présence par interphone à l'équipe dédiée aux achats internationaux. Un certain Jimmy Homtken m'accompagne à la salle de conférence. Table de formica émaillée , tapis shag vintage et trophées corporatifs font le décor d'un goût douteux. Pour un moment, j'ai eu le sentiment d'être au coeur du vétuste feuilleton télé Dallas. Gordon Tomlinson, responsable du dossier fait son entrée en me lançant ces mots : Mr. Tremblay it's an honor to have you with us this morning. As you probably know our market is in the mix of drastic changes. We sincerely feel that your products might help us win new sectors. Now that your offer is on the table we would appreciate a slight margin of stocks in the event of a specific patent . Fierce rivalries are making our job way tougher than it was some years ago and this is why we have to protect our licensed brands.  

Après deux heures de négociations tumultueuses, nous avons paraphé une entente sur la livraison et la protection d'une partie des droits de transfert de la marque. Chose certaine, ces gens ont le mérite d'aborder les questions difficiles de front. Voulant se montrer sympathique à mon endroit, le patron m'invite à casser la croute dans ce qui s'avère être le meilleur burger joint du coin. Dyer's , véritable institution de Memphis, fait dans le deep-fried burger. Crise cardiaque en intraveineuse, la viande est plongée dans un bassin de graisse pour la cuisson. La légende affirme que la graisse est la même depuis 1912 !!! Un peu débile, mais je dois admettre que leurs burgers sont délectables.




Question d'éliminer les calories et d'observer la faune locale, je déambule sur Beale Street. Cette artère légendaire est pour plusieurs fanas le berceau du blues. En y circulant, il est aisé de s'imaginer le jeune Elvis s'imprégnant de cette culture noire et d'y amalgamer le gospel et le country. Tout près sur Union Street le célèbre studio d'enregistrement Sun qui a vu naître Elvis , Jerry Lee Lewis , Roy Orbison et Johnny Cash pour ne nommer qu'eux offre des visites thématiques.


Poursuivant ma visite du coin, je m'oriente en direction du Lorraine Motel (National Civil Rights Museum) , lieu où fut assassiné le 4 avril 1968, le révérend Martin Luther King Jr. Ce musée dédié aux combats meurtriers face au ségrégationnisme , ne laisse personne indifférent. Artefacts et reconstitutions physiques des appartements de la victime vous glacent le dos.



Tel que mentionné précédemment, je me promets une visite chez le King. Face à la résidence, un petit centre commercial hébergeant boutiques, restos et musées fait office de lieu de départ de la visite. En petits bus, le casque d'écoute sur les oreilles, le visiteur traverse le fameux grillage orné de notes de musique pour atteindre l'entrée principale du manoir royal. Suivant les touches de votre guide interactif, Elvis et ses hommes de confiance vous racontent anecdotes et souvenirs. Le décor kitsch est à prendre en considération des critères esthétiques de l'époque. Cette cage dorée fut à la fois le repère, mais aussi la prison d'un homme limité de par son milieu originel à une certaine autarcie. Lieu de mémoire, cette résidence retrace le parcours de ce jeune homme qui d'une vie miséreuse sut se hisser au sommet. Fin de vie dramatique, l'ensemble de l'oeuvre présentée à Graceland accorde avec sobriété un portrait intime de l'icône du rock. Enregistrée au patrimoine national historique des États-Unis, Graceland mérite le détour.

Il est bientôt 19 heures et j'entends bien rejoindre Julianne qui m'a donné rendez-vous au Blues City Café, l'endroit de prédilection pour des smoked ribs.



Voilà tout pour Memphis. Demain soir, je serai à Berlin pour une autre tournée ! Je vous laisse sur une vidéo du King !


Cordialement,

François Tremblay

lundi 13 décembre 2010

Décalage horaire

                                                                                  Mercredi, 22 septembre 2010

Pour la vaste majorité d'entre nous, un passage à l'aéroport est synonyme de vacances et de retouvailles familiales. Malgré cet insistant désir de vous envoler vers l'archipel de vos rêves, vous appréhendez avec contrariété la batterie de contrôles des autorités aéroportuaires , les longues escales , les retards , les plats aux goûts indécodables , le parfum hypoclorithique des appareils et la présence d'un compagnon de bord aux couinements gênants.

Tous ces éléments qui ne sont pour vous qu'une fastidieuse étape à passer sont pour moi une douce réminiscence de la maison. Vous me croyez cinglé ? À vrai dire, je le suis sans doute un peu. Simplement l'an dernier, j'ai passé hors de mon foyer  très exactement 314 jours. En faisant le calcul inverse, vous pourrez constater que je suis resté au bercail avec mes proches pendant seulement 51 jours pour l'entière année 2009.

Ce que je fais ? Disons que je suis une version remixée du commis-voyageur imaginé par Arthur Miller. Dans quel secteur ? Je suis dans le vrai, le naturel si vous voulez , notre pays en a fait son drapeau. Vous savez, les matières sylvicoles font toujours la renommée de notre industrie d'exportation malgré l'instabilité des marchés. Pour quelle entreprise ? Veuillez comprendre ma timidité à vous révèler l'identité de mon employeur, vous le connaissez probablement. En ce domaine, la confidentialité des parties prenantes est scrupuleusement observée.

Mon univers vous est très certainement étranger. Un jour New York , le lendemain Paris ... Vous imaginez une existence jet-set aux premières loges d'aventures exotiques. Il m'arrive occasionnellement de partager des moments d'euphorie entre tarmarc et lobbys d'hôtels. À ce propos, je peux vous certifier sans hésitation, quelles chaînes hôtellières offrent la meilleure pomme de douche , le plus beau peignoir ou les oreillers les plus douillets.

Avantage monstre sur vous, je collectionne en un rien de temps les points fidélité. Encore là, je suis disposé à vous introduire au merveilleux monde des cartes promos. Objectif inavouable, les points récompenses deviennent une obsession. Rapidement, votre statut de partenaire-client devient votre alter ego, votre réputation de loyauté vous réserve les plus improbables démonstrations de courtoisie. Sans point à votre fiche, vous n'êtes rien de plus qu'un touriste. Vous me croyez prétentieux ? Ne le prenez pas ainsi. Mon expérience de la chose, articulée sur une moyenne de 4 vols long-courriers par semaine et de 6 déplacements aériens régionnaux pour la même période ont su conforter mon regard sur l'empressement démonstratif qu'ont à votre égard les prestataires de services envers leurs membres étoilés.

En temps réel, je passe environ 2600 heures en orbite par an pour un total de 108.3 jours entiers en compagnie de personnel de bord et de voyageurs aux multiples acabits. Au fil de mes pérégrinations, je rencontre des individus de partout. Solitude de groupe oblige , je vous convie à mon blogue. Page de mémoire et exutoire, cet exercice vous laissera entrevoir l'essence constituante de mes occupations.

Qui sait ? Peut-être que vous aussi voudrez collectionner les points clubs !

Vous êtes prêts pour le décollage ?

Votre compagnon de voyage,

François Tremblay